« Les électeurs sont des cons » était la phrase finale du petit texte que j’avais rédigé suite à l’appel de Catherine Dufour et Alain Damasio, lors de l’entre deux tours des présidentielles 2007 (des textes de prospections vaguement politiques par la suite rassemblés dans ce recueil). A l’époque, des potes m’avaient dit : « Rhâ Simon, c’est pas bien de dire ça, il ne faut pas ». Alors certes : les politiciens ont beau le penser fortement, si l’un d’entre eux ouvre sa campagne ainsi, il est mort.
Mais moi je m’en fous, je ne suis pas politicien.
Bref.
Récemment, il y a eu les élections municipales, les élections les plus importantes et concrètes de la vie politique française. On y élit des gens qui, par leurs choix et leurs décisions, vont directement impacter notre vie de tous les jours : quels aménagements sur le territoire de la commune, quels projets en local, etc. Je connais plein de dépités de la politique qui ne votent qu’à ces élections, tout simplement parce que leurs conséquences sont les plus tangibles. Et qu’ont fait les Français, à ces élections municipales ? Ils nous ont fait un gros vote anti-Hollande ; ils ont (encore une fois) confondu l'urne avec le trône. Alors ok, je ne suis pas du tout un fan de Hollande mais, bon, what the fuck, putain ? Quel est le rapport ? Et pourquoi pas sanctionner la crise aussi, tant qu'à faire dans l'inutile et le déplacé ? Certes Hollande n’a pas été très content, mais juste parce que des copains à lui ont perdu des postes et les sous qui vont avec, le reste il s’en cogne (et il a bien raison). Les électeurs, sur ce coup là, ont mis de côté tous les programmes, tous les projets sur le point d'envahir leur quotidien, juste pour dire « Moi pas content ». En voulant sanctionner une politique nationale dans une élection dont ce n’est pas le sujet, ils se sont sanctionnés eux-mêmes ; et je trouve ça fascinant. Sur le moment, un grand penseur que je ne citerai pas à ainsi résumer la situation : « Je ne suis pas content alors j’offre les clefs de ma ville à un gros con. »
C’est ça.
Et, malheureusement, ça confirme une nouvelle fois ma petite vanne de 2007.
Et puis maintenant, c’est le tour des élections européennes et, autour de moi, j’entends les gens dire qu’ils n’iront pas voter (ou probablement pas). What the fuck (again) ? Après les municipales, les élections européennes sont les plus importantes de notre vie politique. Ben oui les gars : depuis qu’on a ratifié tous les traités à la con, les trois-quarts des lois que tentent de voter nos députés sont soumises aux décisions prises en amont par le parlement européen. Du coup, si vous voulez que les choses aillent dans le bon sens en France, il faut auparavant qu’elles aillent dans le bon sens en Europe. Ces élections là sont donc plus importantes que nos législatives (et je ne parle pas des présidentielles - ha ha, ho ho, hi hi - qui ressemblent plus à un vote pour éjecter un candidat de téléréalité qu’à autre chose) mais, curieusement, présentent l'un des plus fort potentiel d'abstentionnistes... Parmi ceux-ci, deux grandes familles me fascinent :
Le rebelle, c’est ce mec qui, dans une discussion sur le sujet va te lâcher « Oh, moi, je n’irai probablement pas voter, on verra bien comment je serai ce jour là. C’est mon côté rebelle ». Avec un petit regard pétillant en fin de phrase.
Il y a une chose avec laquelle je suis d’accord dans ce discours : oui, le rebelle ne va pas voter ; en effet. Mais le rebelle, le vrai rebelle (et je m’excuse par avance de briser les rêves adolescents de ces rebelles du vote), il rassemble ces potes, il débarque à l’assemblée, il ligote l’ensemble des députés, en guillotine la moitié puis explique à ceux qui restent que le monde va changer très beaucoup et très vite. Ca, c’est un rebelle. Rien à voir avec le mec qui, à 17h30 le jour fatidique, se dit qu’il va finalement se refaire une vidéo Youporn plutôt que de bouger son cul jusqu’au bureau de vote.
Le niliste, c’est ce mec qui, dans une discussion sur le sujet va te lâcher « Oh, moi, je n’irai pas voter, ça ne sert à rien ». Avec le regard blasé du mec qui a tout vu, tout connu.
Je ne suis pas très vieux, mais j’ai quand même vécu pas mal de choses, comme tout le monde. Et il y a un truc dont je me suis rendu compte : dans la vie, il existe finalement très peu de choses qui ne servent vraiment à rien. Passer une journée à glander dans son canapé, en fumant des pétards, en avalant des Koenigsbiers et en regardant le mur, on pourrait croire que ça ne sert à rien, mais pas vraiment en fait : ça détend, donc ce n’est pas forcément si inutile que ça (qu’on soit clair : je ne vous encourage pas à pratiquer sept jours sur sept…). Par contre il existe une chose qui ne sert vraiment à rien, et c’est prouvé à 2000% : c'est de ne pas voter. Oui, CA, ça ne sert absolument à rien (et c’est rare, dans la vie). Il n’y a aucune contestation dans le fait de ne pas voter, non plus que la moindre revendication, image ou signal fort et autres conneries. Quand on ne vote pas (et c'est assez fou), rien ne se produit, rien ne bouge, rien ne change, rien, ni dans votre vie, ni dans celles des autres, ni dans le monde, vraiment, rien. Quand vous n’allez pas voter, soyons clair, tout le monde s’en cogne.
Juste un truc : quand vous ne votez pas, vous donnez plus de poids au bulletin des gens qui vont voter, et comme la plupart d’entre eux sont cons, je vous laisse conclure l’impact réel de votre abstention…
A part ça je voulais vous parler des élections européennes à la base. Chaque type de scrutin induit une manière de voter différente, quelques petits rappels fonctionnels, du coup :
1 seul tour : ça veut dire qu'on vote et que le soir même sont désignés ceux qui vont prendre leurs fonctions au parlement européen pour les six prochaines années.
Scrutin proportionnel de liste : ça veut dire que les sièges sont répartis entre les partis SAUF QUE il faut avoir au moins 5% des voix pour prétendre à un siège.Par exemple, sur les 23 listes qui se présentent (23 ! What the fuck, putain ?), à priori seules 6 d’entre elles auront véritablement des sièges au parlement…
A part ça, je ne vais pas vous dire pour qui voter, hein, vous êtes grands et ce n’est pas le sujet de ce billet. Mais juste un truc : le FN. Y’a vraiment autant de gens que ça, en France, qui veulent envoyer au parlement européen des membres d’un parti qui ne veut pas de l’Europe, dont les députés européens n’ont jamais siégé ou presque, et dont le programme se résume à "Vous n'êtes pas contents ? Ca tombe bien : nous non plus" ? Non sérieux, je comprends qu’on soit dégouté par l’UMP et le PS, mais... le FN ? C'est vraiment ça la solution envisagée par une grande partie de mes concitoyens ?
Ben merde alors, je crois que j’avais raison depuis le début en fait : les électeurs sont des cons.
PS (oups !) : Quand j’en ai marre de tout ça, je vais passer un moment avec ma copine Germaine et on regarde les débats des sénatoriales : comme ils ne sont pas élus au suffrage direct, ils sont obligés de tenir des discours intelligents.